mercredi 10 décembre 2014

Lettre à ma Maman...

"Pourquoi cette fascination pour l'horreur? Oui, pourquoi? Alors que tu pourrais écrire des choses tellement plus belles?" C'est une question que ma mère m'a posée à plusieurs reprises. 
La réponse est simple : c'est la faute de ton frère, de ta belle-mère, de ton mari et des frères Bogdanoff, Maman! ^^

Mon premier contact avec le fantastique et l'horreur, ce devait être autour du Noël de ma onzième année. Mon oncle punk Jean-Rémy - qui ne l'était pas encore à l'époque, mais écoutait essentiellement du Heavy-Metal - m'avait offert un 33 tour qui devait me marquer à jamais. C'était "The Number of the beast", de Iron Maiden. Sur la pochette du disque, très colorée et violente (pour l'époque et pour mon âge) on voyait un mort-vivant chevelu jouer à la marionnette avec le Diable. J'étais fasciné et par le graphisme et par les grosses guitares de cet album d'anthologie. C'est ainsi que ma passion pour l'horreur coïncide depuis tout petit avec celle du Metal! J'ai toujours trouvé que les deux faisaient la paire. Il n'y a qu'à écouter Dimmu Borgir, Rob Zombie, King Diamond ou Cradle of Filth et même Kamelot pour s'en persuader...

Parallèlement, mon père s'était mis en tête de revoir tous les vieux films de la Hammer qu'il avait vus au cinéma, du temps de ses études. Il estimait que j'avais amplement l'âge requis pour découvrir l'étrange univers de Dracula, Frankenstein et autre monstre sacré du cinéma des années 30 à 70. Ainsi, j'ai eu droit à quelques Bela Lugosi, Boris Karloff et autre Christopher Lee. Au début, j'ai eu un peu peur, j'avoue. Autant Lugosi était ridicule, autant je trouvais Lee vraiment effrayant et crédible dans le rôle du comte Dracula! Avec l'arrivée de l'adolescence, la trouille indicible qui me poussait à faire le tour de tous les coins et recoins de ma chambre avant d'aller me coucher s'est muée en excitation et en curiosité. 
Je me souviens que, dans le même temps, mon père m'avait offert une maquette bien flippante (du moins la voyais-je ainsi du haut de mes 11 ans) du fantôme de l'opéra qu'il avait construite quelques années auparavant. Cette maquette trône toujours sur mon étagère, dans mon ancienne chambre chez mes parents. Cet objet a pendant un temps relativement long cristallisé toutes mes peurs d'enfant! Aujourd'hui, j'en rigole, mais évidemment, je me suis bien gardé de raconter tout cela à mon paternel ou même à ma mère, qui lui aurait sûrement arraché les yeux, si elle avait su... 

L'année d'après, c'était la première diffusion en France (dans le programme de l'émission cultissime "Champs-Elysées") de "Thriller", le clip de Michael Jackson que j'ai visionné derrière le grillage pas très efficace de mes doigts comprimés sur mes paupières, pelotonné contre ma grand-mère, qui roulait de grands yeux hallucinés en nous voyant totalement terrorisés, mon frère et moi! Ce fut mon premier contact avec un loup-garou et des zombies relativement réalistes... Merci au "King of Pop", pour cet immense souvenir qui m'a hanté pour des années!
Après ça, je pouvais regarder le "Temps X" des frères Bogdanoff "en toute sérénité", ce que je ne me suis pas privé de faire! C'est comme ça que j'ai découvert toutes les déclinaisons du cinéma fantastique et horrifique, de "Hidden" à "Street Trash", de "Damien la malédiction" à "l'exorciste" et de "Terminator" à "Shining", en passant par "Freddy Krueger" ou "Mad Max" et ce, bien avant de commencer à feuilleter (en cachette, comme il se doit) le magazine "Mad Movies" ou d'avaler la bibliographie de Stephen King. De cette période, je garde gravé à jamais dans un coin crasseux de mon esprit cet extrait de "l'abominable docteur Phibes"... 

Ce n'est que vers l'âge de 13-14 ans que je suis tombé sur LE film d'horreur ultime! "Le jour des morts vivants", de George Romero. Là encore, j'ai été marqué à vie par mes tout premiers "vrais" putréfiés sanguinolents. Du coup, au fil des ans, je n'ai eu de cesse que de les voir tous. Vous pensez bien que lorsque le phénomène est enfin devenu à la mode, avec l'apparition de séries télé comme "The Walking Dead" ou la plus récente "Z Nation", j'ai atteint un état proche du nirvana! 

Voilà, Maman. Tu sais tout. Maintenant, tu sais pourquoi j'écris des histoires affreuses avec des litres d'hémoglobine qui dégoulinent, des intestins qui explosent, des cerveaux qui fondent par les oreilles et autres réjouissances au "contenu graphique", comme disent les américains... Mais ne t'inquiète pas! Je ne vais pas passer à l'acte. Beau Smart, ce n'est pas moi! Enfin si, mais pas réellement! 
Si j'écris ce genre d'histoire, c'est parce que tout d'abord : ça me plait ; ça me défoule ; je passe mes petits messages écolo-simplistes en filigrane ; et surtout : j'aime faire peur, provoquer des réactions de dégoût. Mais de ce dégoût qui donne quand même envie de lire la suite jusqu'au bout (tant qu'à faire). Et puis, comme je viens de te le démontrer, ce sont des émotions faciles à créer et qui laissent de profondes traces. 

Par contre, si tu crois avoir tout lu avec "Contage", le tome 1 de "l'infection", tu peux ressortir la cuvette à vomi car "Pandémie" sera bien pire (et bien mieux à la fois) ! ^^

lundi 8 décembre 2014

Comment j'en suis arrivé à vouloir écrire...

En ce moment, je suis en train de lire "Écriture, mémoires d'un métier", par le grand Stephen King. C'est, comme toujours chez cet auteur, un livre captivant ; on n'est plus dans le roman mais plutôt entre la tranche de vie et l'essai, cette fois-ci. 
Pour le moment, et bien que je n'aie pas le tiers du quart de la moitié du talent de cet auteur génialissime (un de mes modèles, assurément), je trouve ce texte très rassurant. En gros, il y raconte la genèse de sa passion pour l'écriture, ou comment Stephen King est un jour devenu Stephen King... C'est rassurant parce que dans son parcours, je vois des choses, des indices qui font écho au mien, aussi insignifiant soit-il. 

Alors j'ai réfléchi. De quand pouvait bien dater ma propre passion pour l'écriture? Quels sont les indices que j'aurais dû voir et qui auraient dû me permettre de comprendre plus tôt vers quoi je me dirigeais? 

Du plus loin que je me souvienne, je devais avoir 9 ans la première fois. C'était quelque part entre Noël et le premier janvier. A l'époque, il y avait toujours des vieux Péplums plein de Charlton Heston qui passaient à la télé, à cette période de l'année. Celui dont je parle se passait en Egypte ou en Grèce, mais je serais bien en peine de vous en donner le titre... 
Toujours est-il que j'avais regardé cette histoire avec grand intérêt, en pyjama/robe de chambre, lové sur le canapé du salon entre mon grand-père et mon arrière grand-mère maternels. Dès que le générique de fin est apparu à l'écran, je me suis rué dans les WC pour récupérer quelques cartons de PQ (en ce temps-là, mes parents n'achetaient pas des rouleaux de papier-toilettes, mais des paquets entourés de cellophane et rigidifiés au moyen de deux petits cartons de 10 cm par 15, qui me servaient à faire plein de trucs créatifs autant qu'utiles, comme un bruiteur de mobylette pour mon vélo ou encore de faux étrons, par exemple). 
Et c'est ainsi que, assis à même la moquette et à l'aide de mon meilleur crayon à papier HB, j'ai commencé à retranscrire soigneusement tout le film, du moins tout ce que j'en avais compris avec mon cerveau d'enfant. Dans mes souvenirs, c'était un vrai roman, écrit comme du Vernes ou du Hugo (bien qu'à l'époque, je n'aie sans doute encore pas lu un seul de leurs livres)... J'ai dû remplir une dizaine de cartons, recto-verso de cette vilaine écriture de pattes de mouche dont j'ai le secret. 
Tout fier de moi, je suis allé montrer le fruit de mon travail à mon grand-père, qui somnolait sur le canapé où je l'avais laissé une paire d'heures plus tôt. Celui-ci m'a lancé un regard cotonneux, puis a consenti à feuilleter distraitement mon oeuvre. "C'est très bien tout ça, m'a t-il dit. Mais pourquoi tu n'écris pas une vraie histoire de ton invention?" Je n'ai pas su trouver de réponse. Dans son livre, King, lui, écrit ceci : "l'imitation précède la création" et il avait raison.
Je ne sais pas ce que j'ai fait de ces cartons. Ils ont dû finir à la poubelle un jour de grand rangement. A moins que ma mère ne les ait trouvés et conservés quelque part?

Des années plus tard, toujours à Noël (il me semble), il y a eu l'épisode avec mon copain Eric, puis la rédaction scolaire qui m'ont ouvert les yeux. J'ai déjà raconté ces histoires ici. La même année, je me rappelle avoir participé à un salon du livre à Cognac. J'avais été interviewé par un correspondant local de Sud-Ouest auquel j'avais raconté "mon admiration pour l'intégrale de l'oeuvre de Zola". J'avais tout juste dû lire (et encore : avec quelques difficultés) la quatrième de couverture d'un des volumes de la saga Rougon-Macquart! Quel "grand conteur d'histoires" j'étais, quand même. ^^
Puis, en classe de seconde, j'ai participé au journal de mon lycée qui s'appelait la "Glossolalie" et qu'on vendait 5 francs (un peu moins d'un euro) l'unité dans la cour de récréation, en tant qu'illustrateur d'abord, puis en tant que rédacteur dans un numéro préparé pendant l'année de première mais qui n'est jamais sorti, faute de cohésion et de motivation du reste du groupe. 
Quelques années plus tard, autour de 1995, j'ai contacté le journal du quartier où je vivais (le "Can'Arlacais" à Mérignac Arlac, en banlieue bordelaise) pour y créer un petit personnage emblématique (un canard, en toute logique) ainsi que pour y publier quelques chroniques de bandes dessinées à la rubrique "le bédévore".
Ce n'est que bien plus tard encore, à l'horizon 2000 (j'allais sur mes 30 ans), lorsque j'ai commencé à collaborer au journal Sud-Ouest (édition Béarn et Soule) et à "la semaine du Pays basque" que j'ai enfin compris ce que j'aimais faire, ce que je voulais faire de ma vie. Je voulais raconter des histoires, d'article en portrait, de chronique en compte-rendu. 

La suite, vous la connaissez : j'ai commencé par raconter la mienne (Mauvais berger!) que j'ai rédigée en quelques nuits sur un coin de table. J'ai poursuivi par le premier tome de L'infection, roman fantastique que j'ai travaillé et mûri pendant trois ans et demi, de novembre 2008 à mai 2012. Le tome 2 devait paraître en 2014, mais...
Après des mois de procrastination pendant lesquels j'oscillais entre mauvaise foi, fainéantise et nécessité (bien réelle) de créer une nouvelle vie de famille, j'ai décidé de me remettre à l'écriture de ma trilogie. C'est décidé, je m'y replonge pendant les congés de Noël... J'ai tellement d'autres histoires folles à inventer!!!