dimanche 25 août 2013

8ème jour et départ de Concrete... (snif!)

J'aurais mis le temps à reprendre l'écriture de ces comptes-rendus, quand même... Plus de 20 jours! Sans doute parce qu'une partie de moi aurait voulu rester aux States? Sans doute parce que les retrouvailles familiales ont accaparé mon temps libre - pour mon plus grand plaisir? Sans doute par flemme (c'est mon plus gros défaut : la flemme)? Allez savoir...
Toujours est-il qu'il y a une fin à tout. Et le départ de Concrete sonnait vraiment comme la fin du voyage. Difficile à accepter ;-)

Reconstitution d'un baraquement de bûcheron au musée de
Concrete
3/08/2013. Ce matin, dernier jour complet à Concrete WA, John (Boggs) a bien voulu me consacrer son temps pour un dernier baroud d'honneur sur ses terres (d'adoption - il est un peu comme moi en Soule : récemment intégré dans sa propre communauté). Il m'a rejoint sur le parking du Cascade Mountain Lodge, et nous avons pris mon véhicule (toujours la Chevrolet Sonic) - une fois n'est pas coutume - pour effectuer cette excursion. Mais avant de partir sur la Highway 20 en direction de Newhalem, nous nous sommes arrêtés au musée de Concrete, que je tenais absolument à voir. D'abord parce que John fait partie de l'association patrimoniale locale qui gère ces lieux, mais aussi parce que je savais que j'y trouverais des choses qui pourraient m'en apprendre davantage sur Concrete et son passé. Il faut savoir que c'était à l'origine une bourgade de bûcherons où les industriels cimentiers, reniflant les dollars au début du siècle dernier, ont fini par installer leurs entreprises florissantes jusqu'à la fin des années 80.
Poussière de ciment sur les vitres...
Mais pour des raisons de difficulté d'exploitation (plus ou moins liées à la géographie chaotique des environs), ces usines fabriquant le béton ont fini par péricliter, puis par être démontées. De cet âge d'or, ne subsiste plus que deux vieux silos ainsi qu'un bâtiment très abîmé (mais en rénovation) qui abritait les bureaux. De cette époque, on trouve quelques photos, des coupures de presse, et bien entendu tout ce qui se trouve au musée, comme ces "produits étalons" entreposés sous scellés de verre dans une caisse capitonnée : une poudre grisâtre, mélange de chaux et de silice extraite de la roche locale.
A priori, l'air devait être irrespirable et hautement cancérogène dans les années 30. En témoignent ces vitres de maison où est incrustée la fameuse poussière qui s'échappait par les cheminées des deux usines, et qui s'infiltrait partout, quoi qu'on fasse. Pour nettoyer les carreaux, ce sont les enfants qui étaient chargés d'aller chercher à la cimenterie et d'utiliser une saloperie du genre trichloréthylène, remède bien pire que le mal...

En ce qui concerne le bûcheronnage ("logging" en américain), c'est une activité qui a toujours cours aujourd'hui. Il suffit de compter les semi-remorques qui dévalent la Highway 20 à longueur de journée (et de nuit) pour s'en rendre compte. ça débite à tour de bras du grand pin de Douglas, qui finira invariablement en planches ou en papier cul.
Anciens outils de bûcherons - Musée de
Concrete
J'ai ce petit côté Idéfix (le chien d'Astérix) : ça me fend le cœur qu'on tue des arbres, surtout quand ils sont très vieux. Lorsque je suis obligé (pour X raison mais le plus rarement possible) de couper un arbre, je demande pardon à la mère Nature pour ce sacrilège. Mais ça ne soulage pas mon malaise... C'est comme si je décapitais mon grand-père.
Alors quand je vois l'exploitation à échelle industrielle de ces forêts majestueuses (et la destruction irrémédiable et sans scrupule du biotope), que ce soient celles des Cascade Mountains ou celles des Arbailles en Soule, j'ai le vertige, comme si on m'avait jeté dans une centrifugeuse à 5000 tours/minutes et l'envie de vomir m'étreint. 
Enfin bref, cette activité est bien représentée aussi dans le musée. Si je mets un mouchoir sur mes émotions primaires, c'est quand même intéressant de voir l'évolution du logging à travers les siècles (bon, ça en fait jamais que deux, de siècles, hein?). Je trouve que pour une toute petite ville de 705 habitants, ce musée à vraiment de la gueule. Mais bon, c'est sans doute dû au fait que je suis curieux de nature, et que je découvrais. Je ne suis pas certain que les jeunes locaux soient aussi intéressés que moi par leur propre histoire. 

Cascadian Organic Farm
Ensuite, nous avons repris la route. Nous nous sommes arrêtés à la Cascadian Organic Farm pour déguster une glace à la myrtille bio (j'ai pris mon putain de pied!) et visiter la ferme, dans laquelle John a travaillé il y a quelques années. L'architecture de cet endroit est inspirée des maisons japonaises traditionnelles, ou de celles des Hobbits (pour les fenêtres), au choix :-)
Un peu plus loin, nous avons marqué un arrêt dans un ancien camping, région protégée du logging où l'on trouve encore des pins de Douglas gigantesques datant vraisemblablement de plusieurs siècles. Mon Dieu, c'est purement grisant à voir. L'odeur, l'aura de ces arbres est indescriptible. C'est juste magique.
Vertigineux pin de Douglas
Encore plus loin sur la Highway 20, nous nous sommes arrêtés à Newhalem, une petite ville construite autour d'une des trois centrales hydro-électriques qui alimentent Seattle. Le Ranger local nous a indiqué un sympathique membre de la compagnie électrique de Seattle qui nous a gentiment fait visiter toute l'installation, ne lésinant pas sur les explications et l'historique du site, créé à l'origine par un certain M. Ross. Son épouse, Alice, qui avait une réputation abominable, avait fait construire d'immenses jardins enluminés autour de la centrale, et ce lieu servait d'exemple pour montrer à quel point est bonne et généreuse la fée électricité... 
Une autre époque, un autre temps...
Une Ranger qui tripote des crânes de fouines... (Orgasme!!!)
Plus loin, nous nous sommes arrêtés à un Visitor's Center (centre d'évocation de la Nature sauvage tenu par les Rangers) en pleine forêt, ou nous avons assisté à la projection d'un film sur la thématique ainsi qu'aux explications d'une Ranger concernant les rongeurs locaux. Voir cette jolie rousse en uniforme tripoter des crânes de fouines avec ces belles mains roses m'a fait frissonner le coccyx (désolé!)...

Barrage de Diablo Lake
Après ça, direction Diablo Lake, que j'avais entraperçu la veille. Nous nous sommes arrêtés au barrage, puis à l'université (oui oui, vous avez bien lu), nous avons marché un peu le long des berges de ce sublime lac (artificiel) aux eaux turquoise, puis sommes repartis vers Concrete, non sans marquer un arrêt du côté de Marblemount pour déguster une part généreuse de délicieux pie à la framboise et à la rhubarbe (il n'y avait plus de cinnamon rolls...) et rendre visite à l'une des deux créatrices du blog Written in Concrete, que je suis assidument depuis deux ans. En fin d'après-midi, nous avons retrouvé Gail au Washington Cafe and Bakery, puis sommes repartis à la brasserie de Birdsview enquiller les bières et assister au festival Birdstock, donné chaque année en faveur des sapeurs-pompiers locaux. Mais nous sommes partis relativement tôt, car le bar ne sert plus d'alcool après 9h00! C'est aussi ça, l'Amérique des excès! J'ai quitté John et Gail avec un petit pincement au cœur, en promettant de revenir à la première occasion.
Gail et John : farewell last drink... (snif!)
Arrivé à l'hôtel, je suis tombé sur Sonny qui recrutait des testeurs pour goûter sa cuisine coréenne. Je me suis plié à cet exercice avec un certain entrain. Plus tard, Sonny recrutait encore du monde pour participer à un karaoké dans son bar. Après avoir vainement tenté de refuser, j'ai fini par y aller quand même. Après tout... 
La première et la dernière fois que j'ai participé à un Karaoké, je devais avoir 20 ans et c'était à Bordeaux, au pub le Connemara (pour ceux qui connaissent). J'avais massacré "la dernière séance" de ce pauvre Eddy Mitchell, pour le plus grand plaisir de mon amie Anne Claire. Je m'étais juré de ne jamais réitérer l'expérience. Mais il ne faut jamais dire "jamais"! 
Alors après étude attentive du catalogue de chansons, pendant qu'un jeune couple de clients s'en sortait assez bien avec la rengaine interplanétaire de Carly Rae Jepsen ("So call me maybe"), j'ai choisi mon morceau. Et les amis, j'ai repris "Ram it Down" de Judas Priest! Worst cover ever! Rob Halford a dû en pleurer dans son boudoir... Il était temps d'aller au lit, car le lendemain promettait d'être long...

Avec Sonny Shin, le patron du Sonny Bear's Restaurant
sur la Highway 20, à Concrete.
4/08/2013. Je me suis levé vers 8 heures, j'ai dévoré un dernier "Hungry Bear" en prévision de la journée qui s'annonçait, puis j'ai bouclé mes sacs à dos. J'en avais désormais trois, sans compter la poche de restes de  bouffe que je me suis trimbalée jusqu'à Washington DC. Parce que oui, c'était là ma prochaine destination. J'ai quitté le Cascade Mountain Lodge vers 10 heures pour downtown Concrete (lol, l'expression), où j'ai procédé à un dernier lavage de fringues sales avant de quitter la région. Ensuite, direction Seattle. J'ai rendu ma voiture de location (qui était en excellent état ce coup-ci) et suis allé déposer mon gros sac au contrôle des bagages. 
Dans un premier temps, j'ai eu la flemme de bouger. J'ai mangé quelques saloperies que j'avais dans ma poche de bouffe, et ça m'a donné des forces et la volonté de décoller mon derrière de la banquette de la salle d'attente de l'aéroport : j'étais prêt pour une nouvelle suée.
Downtown Seattle, vu de Chinatown.
Alors j'ai pris le Seattle Light Rail jusqu'à Chinatown avec mes sacs, et j'ai marché dans la ville. C'est joli, Seattle. Relativement propre et tranquille, comme ville, bien que certains coins puent le poisson (on est au bord du Pacifique), comme le marché du port, où le parfum enivrant des fleurs multicolores se mélange à l'odeur du varech pourri en une fragrance épouvantablement écœurante, qui n'est pas sans rappeler celle d'un Sephora aux heures de forte affluence de rombières mal lavées...
Dans la 5ème avenue, il y a des bâtiments improbables à base évasée dont on se demande comment ils peuvent tenir debout en cas de tremblement de terre. On trouve aussi de vieux immeubles façon Art-Déco, accolés à des monstres de verre, de béton et d'acier ultra modernes.

ça tient comment, ça?
Plus loin, je me suis assis sur la murette qui jouxte un Starbucks Coffee, en plein dans la zone commerciale, histoire de voir si j'avais reçu des mails de mes gosses ou quelques "likes" sur mon mur Facebook. J'étais à côté de touristes américains grassouillets en train de siroter leurs énièmes cafés frappés de la journée lorsqu'un sans-abris est venu devant nous. Il a regardé tout le monde d'un œil torve et humide, puis a crié un "I'm hungry!" plein de détresse. Mais bizarrement, il m'a évité. Avec mes sacs, mes fringues crades et la sueur qui pissait dans mon dos, il a dû me prendre pour un SDF, moi aussi. J'ai voulu lui tendre des bananes qui me restaient, mais il est parti en courant quand un gros flic avec une gueule de bouledogue est venu nous déloger du muret pour nous montrer les bancs publics, quelques mètres plus loin. C'était le signal que j'attendais pour reprendre ma route vers l'aéroport de Seatac. 
J'ai passé le Security Checkpoint avec succès tout en tenant mon pantalon qui, devenu trop grand et étant délesté de sa ceinture, me tombait sur les chevilles... C'est à ces grands moments de solitude-là que je me demandais si je n'allais pas devoir à nouveau remplacer ma garde-robe. Dans la zone sécurisée, j'ai trouvé un vendeur de Sushis et je me suis tapé une putain de ventrée, en prévision des 6 heures d'avion (avec escale à Chicago O'Hare) qui m'attendaient. Le reste du voyage s'est déroulé si sereinement que j'en ai un souvenir très flou. Je sais juste que je suis arrivé à l'aéroport de Baltimore en début de matinée du 5/08/2013 où un "Shuttle" m'a emmené vers 11h30 à mon auberge de jeunesse à Washington DC. En regardant mon accoutrement kaki et mes bottes d'intervention, le conducteur de la fourgonnette m'a demandé si j'étais un "Scout"... Belle promotion : Je passais de backpacker cradingue à "Ranger"!

Mais déjà, à ce moment-là, je n'avais plus qu'une idée en tête : j'allais visiter le Pentagone le lendemain matin à 11 heures!

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