lundi 17 janvier 2011

Notre Seconde Vie, par Alain Monnier

Il y a quelques mois (en avril dernier, rappelez-vous), je vous parlais de la bibliographie de L’infection. Ce n’était pas un article exhaustif, dans le mesure où il y a encore certainement un paquet de livres ou d’articles qui ont été écrits sur les sujets que je développe dans mon roman, et que je n’ai pas encore lus. Bref, Fredylajoie Merlin (encore elle) m’avait parlé en 2008-2009 d’un roman essentiel que tout fan de Second Life se devait de lire. Il s’agissait de Notre Seconde Vie, d’Alain Monnier, édité chez Flammarion en mai 2007 (lors de la grande vogue du monde virtuel de Linden Lab), et quasiment introuvable en librairie aujourd’hui. J’avais retenu l’info d’une oreille attentive, mais j’ai fini par commander le bouquin sur PriceMinister juste avant le mois de décembre dernier, alors que je venais de finir le premier jet de L’infection. Je l’ai dévoré ce week-end.

Je suis rassuré, car entre mon roman et celui ci, qui fait visiblement référence auprès de la communauté francophone SL, il n’y a pas vraiment de  point commun, ni dans le style, ni dans l’histoire… Grosso modo, Alain Monnier raconte les vies réelles et virtuelles de ses personnages dont certaines s’entrecroisent dans les deux mondes. Ici, on est dans une société humaine en voie de destruction (le climat a fini par dérailler, la planète telle qu’on la connait ne sera plus jamais la même avant des siècles), et pour éviter la violence, le chômage, la déprime et toutes les plaies dues à cette déliquescence, les Nations Unies ont créé l’univers virtuel Notre Second Vie (NSV), et rendu sa fréquentation quasiment obligatoire. C’est un monde qui aurait pu être un “paradis”, où tout un chacun aurait pu s’inventer une existence originale, loin des vices et des horreurs du monde réel. Mais en vérité, Notre Seconde Vie n’est qu’une abominable caricature de la réalité. Tout n’y est que faux-semblants, hypocrisie, stupre et superficialité, et pour ceux qui y “élisent domicile”, rien ne compte plus que l’augmentation de leurs statistiques de fréquentation, peu importe les moyens pour y arriver…

Ce roman n’est pas un conte pour enfant, mais bel et bien une critique à peine voilée de notre société actuelle, de notre façon de fuir en permanence vers le virtuel, pour y refaire exactement les mêmes erreurs, mais en pire. D’ailleurs, à la fin du livre, une grande majorité des personnages -très conscients de l’indigence de leur “nouvelle vie”- décide de partir pour un autre hypothétique monde virtuel, où tout serait bien mieux que dans NSV, mais dont on ne sait en réalité pas grand chose, si ce n’est qu’on n’en revient pas. Le lecteur se doute que cette fuite en avant ne servira à rien, puisque les tendances habituelles du comportement humain reprendront toujours -et fatalement- le dessus.
Un livre très intéressant et fortement inspiré de Second Life, qui donne un message qu’on pourrait interpréter ainsi : dans le fond, quel que soit le lieu, on ne refait pas les hommes; et on ne fera jamais mieux ailleurs! A méditer…

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