samedi 13 mars 2010

L’arroseur arrosé…

Au printemps, fort de mon diplôme de BPO (Brevet Professionnel Ovin) et de ma première saison d’estives globalement réussie, je suis repassé en Ariège avec mon épouse afin de rencontrer les éleveurs qui employaient le vieux Miguel. Je voulais me présenter moi-même aux propriétaires pour leur proposer mes services. Une candidature spontanée, en quelque sorte…

Mais je me suis vite aperçu, devant l’accueil plus que froid des agriculteurs de là bas que je n’étais pas le bienvenu. Autant les touristes de passage (qui dépensent leurs salaires sur place, soutenant ainsi l’économie locale) sont relativement bien perçus par les habitants (qui les accueillent à bras ouverts dans leurs gîtes ruraux tout confort), autant un petit jeune issu de la ville et qui veut « faire le berger », est de suite catalogué comme un rigolo, un doux rêveur un peu flemmard, bref, un « indien » crevard qui va faire tâche dans la vallée et déranger les bonnes vieilles habitudes.

Ne vous méprenez pas! Je ne suis pas en train de casser du sucre sur le dos des ariégeois, ni même des Pyrénéens en général. Ce comportement sauvage est typique de tous les pays de France un peu « enclavés », isolés et protégés de la folie des métropoles. On veut y garder ses racines, ses repères, ses coutumes villageoise, sans qu’un « étranger » (toute personne qui n’a pas au moins trois générations au cimetière est implicitement considéré comme tel) ne vienne fourrer son nez dans des affaires qui ne le concernent pas…

Donc après cette visite peu encourageante, notre installation en Ariège nous a parue bien compromise. Pour autant, il n’était pas question que nous restions au Pays Basque : nous étions encore pétris de préjugés, inculqués de manière plus ou moins subliminale par les médias nationaux, qui -hors des « frontières » basco-basques- s’acharnent encore aujourd’hui à n’en montrer que les côtés radicaux et violents.

Je me rappelle avoir eu de très dures conversations à ce sujet avec Miren Aire, une jeune bergère d’Urepel avec qui j’ai suivi les cours du BPREA (Brevet Professionnel de Responsable d’Exploitation Agricole) durant l’année 1999. Mais à l’époque, j’étais encore dans le déni, imperméable aux idées des autonomistes (même modérés), bref, dans la plus complète et ignorante répulsion de la différence. En fait, à ma façon, je ne me comportais pas mieux avec les basques qui m’avaient accueillis que les éleveurs ariégeois ne l’avaient fait avec moi!
Comme quoi, l’enclavement, c’est dans la tête…

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire